Page 10 : En vrac !
Roman écrit de nuits en nuits. Point final improbable.
Il avait connu là, ses premiers émois, ses premiers troubles d’enfant pré- pubère, grâce à sa maîtresse d‘école.
La première d’un long comptage, dont il n’était pas fier.
Mais putain, qu’elle était belle! Élancée, au coup gracile et blanc, avec ses longues mèches blondes, entourant un visage d’ange aux yeux éclairés, rieurs et francs, des jambes à vous couper le souffle, une voix patiente, légèrement grave et sensuelle.
Il avait souffert le martyre.
Incapable de se concentrer.
Il avait passé le plus clair de son temps, à l’admirer, dans le secret de son cœur d’enfant fragile et complexé.
Il l’avait aimé et l’aimait encore d’un amour pur et éternel, dont seul les enfants sont capables. Il avait eu le sentiment, qu’elle aussi l’avait aimé, mais pour d’autres raisons. Sûrement pour sa différence. La classe était mixte, et de tous les niveaux: des premières classes de préparatoire aux dernières de l’élémentaire. C’était plutôt bien et il en avait gardé un merveilleux souvenir. C’est aussi là qu’il avait connu les premières moqueries, découvert la cruauté des enfants de son âge et les bassesses d’un univers sans pitié et sans compassion. Il y avait aussi connu, ses premières joies d’enfant. Les Noëls. Les anniversaires. Et par-dessus tous, le geste de sa mère de substitution, Madame Lorcas, lui offrant son premier cadeau : un stylo Bic, couleur gris souris, magnifique splendeur.
à demain peut-être...
F.M Olivier David